La découverte de l'établissement phénicien d'Abul constitue l'événement majeur de l'archéologie phénicienne des dix dernières années, comme l'avait bien pressenti le regretté Sabbatino Moscati lors du Congrès des Etudes phéniciennes et puniques de Cadix, en 1995. Sur le sommet d'un petit promontoire formant une presqu'île au fond de l'estuaire du Sado, au sud de Lisbonne, les auteurs ont mis au jour un petit comptoir phénicien, de vingt-deux mètres de côté dans sa phase initiale, établi vers le milieu du VIIe siècle avant Jésus-Christ ou même un peu avant, qui a subi une transformation architecturale avant d'être abandonné et scellé par sa propre destruction dans la première moitié du VIe siècle. La stratigraphie et le matériel céramique assurent cette évolution chronologique et une étude comparative démontre qu'il s'agit d'un plan oriental, bien connu au Moyen Orient, que les Phéniciens de Gadès ont transporté sur l'Atlantique. Il s'agit à la fois du premier établissement purement phénicien, découvert au Portugal et du premier plan complet d'un comptoir, connu dans l'expansion coloniale de ce peuple de la Méditerranée orientale, expansion que l'on ne peut plus arrêter à Gadès. Sur la colline arrière, un sanctuaire à ciel ouvert confirme que le site n'a pas été abondonné aussi rapidement que le comptoir, puisqu'il date de la fin du VIe siècle et du Ve siècle avant notre ère ; lui aussi apporte un plan encore inédit dans cette région. Six appendices complètent et sous-tendent cette étude : environnement, graffites, analyses pétrographiques des céramiques, ossements de mammifères, mollusques et jusqu'à la présentation et à la protection du site qui attend encore d'être classé.